Les Olympiques : le volcan sous la neige

Les Olympiques : le volcan sous la neige

« Shame », comme dirait Hillary Clinton, à ceux qui nous ont privé du spectacle d’ouverture des jeux paralympiques. Il aura été vu en direct dans plusieurs pays du monde… mais pas au Canada. Un spectacle superbe! Absente des olympiques, Radio-Canada était aussi absente des paralympiques. À quoi donc sert le service public s’il se déconnecte des évènements de cette importance?

Un spectacle superbe! Rien à voir avec le délire poétique et unilingue du très mauvais spectacle d’ouverture des jeux olympiques et celui, désastreux, qui les a clôturés. De la joie, de l’émotion, de belles histoires dont celle, inoubliable, de Terry Fox, de la sobriété, l’intelligence n’étant pas cette fois remplacée par les drapeaux. Du bilinguisme aussi. Pas d’asymétrie mais un équilibre acceptable : parole de Martin Deschamps, dont la prestation a été éblouissante.

Parlant de bilinguisme, ces jeux auront été un vrai révélateur. Certes, l’affichage et les annonces ont sauvé la mise, mais la piètre performance du président du Comité des jeux de Vancouver, John Furlong, a failli tout gâcher, pour ne rien dire du spectacle « australien ».

Le voici à deux reprises, encadré des présidents du Comité olympique international et du président du Comité des jeux paralympiques, Jacques Rogge, de nationalité belge, et Sir Philip Craven, de nationalité britannique, l’un et l’autre parfaitement bilingues. Si le premier a été avare de français à l’ouverture, il s’est repris dans son discours de clôture; le second a choisi de parler en priorité et abondamment en français.

John Furlong n’est pas obligé d’être bilingue ! Mais le président des jeux de Vancouver oui. Dans sa fonction depuis quelques années, il aurait pu – il aurait dû – se donner cette compétence dont le manque a été si flagrant. Il ne s’agit pas d’accabler le pauvre homme qui, par ailleurs à fait un succès des jeux de Vancouver, mais de dénoncer un système qui cache un volcan sous la neige. Dans des entreprises « nationales » qui utilisent des fonds publics fédéraux, on ne peut tout concevoir en anglais et en faire le déballage dans les deux langues officielles. La faillite est alors inévitable. Elle est dans la méthode. Elle est installée dans l’ADN du projet.

Le volcan sous la neige est dans la quasi-généralisation de cette méthode dans les entreprises fédérales de toute nature, dans le choix effectué par Ottawa de ne pas imposer des critères linguistiques quand il délègue ses responsabilités ou finance à haut niveau, comme ce fut le cas pour les Olympiques. Elle est dans le double jeu qui prédomine présentement à Ottawa… un discours qui dit le bilinguisme, une pratique qui le nie.

Le volcan sous la neige est aussi dans le démembrement général des lieux de responsabilité de mise en œuvre du bilinguisme. Ainsi, la cellule qui existait au Conseil privé, le ministère du premier ministre, a été abolie, transférée, nous dit-on, à Patrimoine Canada. De plus, les équipes qui, au Conseil du Trésor, veillaient à la mise en œuvre du bilinguisme, ont été démembrées, passant de plus de 60 à moins de 20 personnes. Confiée à l’École de la fonction publique du Canada, la responsabilité de l’enseignement des langues officielles a été récemment décentralisée… Ce qui est confié à tous n’est généralement accompli par personne! Ainsi glissent vers le bas la volonté et la pratique politique.

Le volcan sous la neige est dans ce reniement sournois, ce démembrement systématique, ce rejet qui ne dit pas son nom mais qui ravage l’idée même du pays.

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